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ZOOPOLIS – Une théorie politique des droits des animaux

Sue Donaldson, Will Kymlicka, Préface de Corine Pelluchon, Alma éditeur, 2016

En matière de droit des animaux, les théories classiques visent à protéger les animaux contre les violences qu’ils peuvent subir et érigent une barrière protectrice autour d’eux.  Or, une telle approche ne donne aucun résultat pratique significatif. Raison pour laquelle les auteurs se focalisent non sur les droits des animaux mais sur nos obligations concrètes à leur égard. Ce qui suppose que l’on examine nos relations avec eux. Ils proposent trois catégories d’animaux : domestique, sauvage et liminaire.
Et pour chacune, trois modèles de vivre ensemble : la citoyenneté, la souveraineté, le statut de résident. Pour ce faire, ils s’appuient sur des travaux concernant les personnes en situation de handicap  et la manière dont on peut les sortir de l’invisibilité sociale et politique. Aujourd’hui les théories de la justice intègrent enfin la notion de vulnérabilité reléguant par là même l’idée de citoyens de seconde zone.
Cette reconnaissance, à la fois morale et politique, d’individus vulnérables, les auteurs de Zoopolis suggèrent de l’appliquer aux animaux.

FICTIONS

« Un animal d’expérience »  de Patricia Farazzi, Editions de l’Eclat, 2018

Joséphine, cantatrice du peuple des souris, est sans doute la figure la plus énigmatique et extraordinaire du bestiaire de Franz Kafka. La parabole de son chant imperceptible dirait-elle à sa manière la souffrance infinie de l’animal soumis à son tour à l’inquiétante métamorphose des expériences de l’homme ?

« Les animaux dénaturés » de Vercors, 1952

En Nouvelle-Guinée, une équipe de savants auxquels s’est joint le journaliste Douglas Templemore cherche le fameux « chaînon manquant » dans l’évolution du singe à l’homme. En fait de fossile, ils trouvent une colonie bien vivante. Une colonie de quadrumanes, donc de singes. Mais a-t-on jamais vu des singes troglodytes ? Enterrant leurs morts ? Tandis que les hommes de science s’interrogent sur la nature de leurs « tropis », un homme d’affaires voit en eux une potentielle main-d’œuvre à bon marché. La seule parade aux noirs desseins du sieur Vancruysen est de prouver l’humanité des tropis. Raisonner en zoologues plutôt qu’en paléontologues ne résout qu’à demi le problème mais offre à Doug Templemore un moyen d’obtenir la preuve nécessaire. Ce qui l’amène à risquer sa tête pour notre plus vif divertissement, et notre édification, car sous le rire de cette satire allègre se pose la grave question de ce que nous sommes, nous les « personnes humaines », animaux dénaturés.

Libres expressions

Laurent Bègue-Shankland, Professeur de psychologie sociale (Université Grenoble Alpes), revient dans un article paru dans The Conversation sur le rapport entre l’obéissance par soumission à l’autorité, mise en évidence dans la fameuse expérience de S. Milgram dans les années 60, et l’expérimentation animale.

L’interprétation initiale de S. Milgram était que « les individus soumis à l’autorité se comportaient comme de simples agents déresponsabilisés qui exécutaient aveuglément les ordres » (état dit « agentique »). Mais d’autres interprétations ont été proposées. « L’application de l’expérience de Milgram à la pratique de l’expérimentation animale permet d’introduire une nouvelle lecture de la soumission à l’autorité. » Les mêmes résultats factuels sont observés qu’il s’agisse d’un animal ou d’un homme : les personnes à qui on demande d’administrer des chocs électriques croissants à des victimes répondant mal à un test, terminent l’expérience pour la majorité d’entre elles, jusqu’à administrer les chocs maximaux.

Dans le cas de l’expérimentation animale, c’est la connaissance scientifique et ses applications biomédicales qui justifient le désagrément ou la souffrance des animaux utilisés. De fait, en reprenant les résultats de Milgram, il peut être montré que « l’identification aux buts scientifiques constituait une composante majeure de l’expérience ». L’individu impliqué n’est pas alors à considérer comme un exécutant, mais comme un acteur qui pense servir la science. « La valeur attribuée au but de l’expérience est donc une cause décisive du comportement, et non simplement l’autorité qui est physiquement présente dans le laboratoire. A travers le soutien à l’expérimentation animale, c’est la valeur et les promesses de la science qui sont souvent affirmées. »

Des travaux sont en cours à l’Université de Grenoble sur ce thème, démontrant que, face au dilemme moral dans lequel est placé l’expérimentateur, « l’autorité culturelle de la science est une donnée-clé pour comprendre le sacrifice d’un animal ».

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