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La France reste un important utilisateur d’animaux dans les domaines de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle et même le deuxième utilisateur de l’Union européenne derrière l’Allemagne (*) alors que de nombreux outils alternatifs existent déjà, que d’autres pourraient être développés et que dans certains cas l’utilisation d’animaux est absolument injustifiée. Pourtant ces projets reçoivent un avis favorable des « comités d’éthique en expérimentation animale » et se voient délivrer une autorisation administrative du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche alors qu’ils contreviennent à la réglementation puisque le principe de remplacement n’est pas appliqué (sur ce point, se reporter à la catégorie « Juridique » de notre site).

(*) En 2022 : 24 292 pour la formation professionnelle et 11 287 pour l’enseignement supérieur, contre respectivement, 39 462 et 9 233 en Allemagne mais seulement 1 468 et 43 en Italie ou encore 7 708 et 5 296 aux Pays-Bas.

Les animaux utilisés sont en très grand nombre des petits rongeurs mais également des lapins ainsi que des gros mammifères et notamment des porcs pour la formation des chirurgiens.

Il y a principalement deux grandes catégories d’utilisations :

  1. Les utilisations dans le cadre de formations liées à des pratiques professionnelles pour lesquelles il est nécessaire d’apprendre et de perfectionner des gestes techniques voire hautement techniques : formations des techniciens de laboratoires utilisant des animaux, formations des chirurgiens, formations des métiers de l’élevage et – de manière très encadrée – les formations vétérinaires.
  2. Les utilisations pour l’acquisition de connaissances anatomiques ou physiologiques ou pour la vérification de l’acquisition de notions théoriques traitées pendant les cours magistraux : licences et masters en sciences du vivant et en biologie, BUT génie biologique, pharmacologie…

Le cas particulier des formations vétérinaires

On pourrait croire que la médecine et la chirurgie vétérinaire sont les domaines pour lesquels l’utilisation d’animaux serait nécessaire et « acceptable » dans la mesure où les gestes techniques à acquérir vont s’appliquer à des « patients animaux » lesquels in fine  tireront bénéfice de cet apprentissage. En fait les utilisations d’animaux vivants dans le cadre de leur formation étaient assez mal vécues par la plupart des étudiants vétérinaires.

En France, se sont donc les écoles vétérinaires qui montrent l’exemple depuis plusieurs années déjà en ce qui concerne le remplacement de l’utilisation d’animaux vivants par des outils pédagogiques alternatifs.

Les atouts des outils pédagogiques non animaux

Comme le relevait Anne Gogny – docteur vétérinaire et praticienne à l’Oniris (école nationale vétérinaire de Nantes) – lors d’une conférence organisée par l’Académie Vétérinaire de France le 29 avril 2024, les outils pédagogiques non animaux présentent de très nombreux avantages tant pédagogiques qu’éthiques et économiques. Même si elle reconnaissait des limites liées à la difficulté de fabriquer certains organes et aux coûts souvent très élevés des modèles commercialisés.

Vidéo de la conférence ici : Apprentissage des gestes techniques vétérinaires grâce à la simulation médicale… – YouTube

La liste ci-dessous ne prétend pas être exhaustive, le marché des alternatives évoluant constamment et les fabricants étant souvent installés hors de l’Union européenne mais elle donnera au lecteur une bonne idée de la diversité des possibilités (souvent inemployées).

Quels outils et méthodes de remplacement dans le cadre de formations à visée professionnelle ?

  • Apprentissage des gestes techniques sur les animaux pour les professions de l’expérimentation animale (ou pour les vétérinaires)

Les alternatives consistent très souvent en des mannequins d’animaux plus ou moins réalistes.

Les rats et les souris étant les animaux très largement utilisés dans le cadre de l’expérimentation animale, plusieurs fabricants (non européens) commercialisent des « modèles » de ces animaux sur lesquels les stagiaires ou étudiants pourront s’entraîner à pratiquer des injections, des prélèvements, des gavages, des incisions, etc. Par exemple :

Natsume Rat (Japon) : Rat training simulator

Mimolette (USA) qui peut également être utilisé en formation vétérinaire : Mimolette

Mimicky Mouse (Japon/USA) : Mimicky mouse

Les lapins sont également beaucoup utilisés

Siko, un modèle d’oreille de lapin pour les prélèvements sanguins (Suisse) : Silicon Rabbit Ear (avec vidéo)

La société américaine SynDaver propose des simulations de corps humains et animaux (corps entiers, modèles d’organes, modèles vasculaires, tissus musculaire, artériel, abdominal, etc.) : SynDaver | Synthetic Humans for Medical Simulation

D’autres propositions voient le jour qui s’appuient sur les évolutions technologiques tel que le projet « Virtual 3R » développé par l’Université du Mans en partenariat avec la Fondation nationale des IUT de France. Ce projet vise à développer une plateforme virtuelle pour l’expérimentation animale qui permet aux étudiants de se former aux gestes techniques en réalité virtuelle : Virtual 3R – Laboratoire d’Informatique de l’Université du Mans. Pour l’instant, cette plateforme est encore en développement. Elle ne remplace pas les Travaux pratiques mais son utilisation les précède.

  • Apprentissage de gestes techniques pour les étudiants vétérinaires ou pour les étudiants des filières « élevage » :

Mannequins de divers animaux dont bovins et équins : Holsim | Veterinary Simulation Models (Nouvelle Zélande)

Mannequins de chiens et de chats ainsi que des supports permettant l’apprentissage de l’hystérectomie féline, des sutures (Etats-Unis) …

Rufus Bandaging Mannikin – rescuecritters.com

Advanced Veterinary Training – rescuecritters.com

Modèle de tête de lapin pour intubation (USA) : Rabbit Intubation Standard – Med Dimensions

Pour les injections chez le chien, on trouve ce modèle de patte (Nouvelle Zélande) : IV Dog Leg Model Kit | Holsim Veterinary

Pour des raisons de coûts, les écoles vétérinaires développent elles-mêmes certains de leurs outils de simulation (avec des ingénieurs « maison ») :

– Nantes : Virtual Vet

– Lyon : Journée de la Sim’ à VetAgro sup

– Maisons-Alfort : Visitons la salle de simulation médicale, VetSims

  • Apprentissage de gestes chirurgicaux

En France, l’Université de Poitiers a développé le projet « Sim Life » en 2013 (cadavres humains revascularisés, ventilés). Le projet s’est développé et il est  soutenu par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche» : La technologie « SimLife » au service d’un réseau numérique en simulation chirurgicale

Simedys : l’innovation pédagogique ultra réaliste qui révolutionne la formation pratique des chirurgiens

En Suède, c’est un simulateur chirurgical qui a été développé : LapSim – Surgical Science

En Allemagne, un modèle de simulation a été mis au point par l’Université Technologique de Hambourg (HANNES : Hamburger ANatomique NEmodèle de Simulation model) : HANNES | PKT

Il peut être utilisé, entre autres, pour l’éducation et la formation sans animaux des médecins dans le traitement mini-invasif de maladies vasculaires ou pour la thrombectomie. Il permet une représentation plus réaliste de l’anatomie humaine en simulant tous les vaisseaux concernés.

Afin de pallier les insuffisances des outils de simulation en matière de formation chirurgicale (absence de retour de forces), il est nécessaire de développer les capacités des gants haptiques. Certaines sociétés y travaillent, voir par exemple  : HaptX ou SenseGlove

  • Apprentissage de gestes techniques pour les personnels de santé

Il existe des outils de simulation très sophistiqués qui permettent aux personnels de santé d’apprendre à réaliser des gestes techniques sur les humains mais il n’y a pas de déclinaisons de ces outils permettant d’apprendre à réaliser ces mêmes gestes techniques sur les animaux utilisés à des fins scientifiques.

Preuve que les technologies existent mais qu’elles ne s’étendent pas aux animaux faute de financements : 

La nouvelle génération des mannequins de simulation : Ultra Haute Fidélité ! – Medicalem (France)

Hopital-virtuel-de-lorraine/ (France)

Kits de simulation – 3B Scientific (Allemagne)

Scalpels, Sutures, Mannequins? U.S. Navy (USA)

Quels outils de remplacement dans le cadre de l’acquisition ou de la validation de connaissances ?

  • Acquisition de connaissances en anatomie

La table Anatomage est un outil qui présente de multiples fonctionnalités.

Elle permet aux étudiants d’apprendre l’anatomie humaine de manière très ludique : Anatomage – A powerful clinical tool

Cette table – qui permet aussi de pratiquer des dissections « virtuelles » – peut être utilisée pour la formation des vétérinaires : TABLE VET – Anatomage

Sim Rabbit est un projet pluridisciplinaire développé par l’Oniris (Ecole nationale vétérinaire de Nantes). Il s’agit d’une séquence de travaux pratiques de physiologie expérimentale innovante autour d’un automate de lapin réaliste, animé par un logiciel de simulation physiologique. Cet outil de simulation a été très bien perçu par un groupe d’étudiants volontaires. Des ajustements sont encore en cours pour le rendre encore plus performant.

IMAIOS propose aux étudiants vétérinaires des supports pour l’étude de l’anatomie : vet-Anatomy, the Anatomy of Imaging

AD Ld Instruments est une société qui propose de nombreuses images et vidéos de dissections et explorations de modèles anatomiques. Elle a développé une plateforme d’apprentissage en ligne avec du contenu prêt à l’emploi pour les sciences de la vie, les soins infirmiers et la médecine : Online Physiology Software & Life Science Lessons | ADI.

Ce type de plateforme devrait être utilisée par toutes les universités formant aux sciences de la vie car l’utilisation d’animaux vivants ne saurait se justifier lors de TP en licence ou master de biologie et SVT ou en BUT génie biologique par exemple.

  • Validation de connaissances en pharmacologie

L’Université de Strathclyde (Ecosse) a mis au point un « package » de simulations pharmacologiques composé d’une suite de programmes simulant des expériences pharmacologiques sur des tissus isolés ou sur des animaux entiers. Une gamme de médicaments à des concentrations variables peut être appliquée et les effets observés : University of Strathclyde

La plateforme d’apprentissage en ligne développée par AD Ld Instruments (voir plus haut) peut également être utilisée avec les étudiants en pharmacologie : Pharmacology Collection | Online Learning Software | ADI. Celle-ci permet non seulement aux étudiants de préparer leurs cours et les travaux pratiques mais aussi de faire les exercices à tout moment et d’évaluer eux-mêmes leurs progrès.

L’Université Paris Cité propose de rendre les TP de pharmacologie plus ludiques grâce au « Neurogaming 2.0 » : Quand la pédagogie rencontre le jeu : Neurogaming 2.0 réinvente les TP de Pharmacologie | Faculté de pharmacie de Paris

Cette liste sera complétée au fur et à mesure des avancées technologiques dont nous aurons connaissance.